Recherches sur les ateliers de potiers gallo-romains de la Gaule Centrale, Hors-série N° 6 - Revue archéologique SITES 1980

 

FOUILLE DU TERRAIN DE L'OEUVRE GRANCHER A LEZOUX (63) - (1977-78-79)

- LES STRUCTURES GALLO-ROMAINES DU SECOND SIECLE -

Philippe BET, Hugues VERTET

 

 

Nous avons durant trois ans fouillé, en plein coeur de Lezoux, sur le terrain de l'Oeuvre Grancher, une surface de 500 mètres carrés qui se révéla être riche en vestiges gallo-romains (II° et IV°s) et médiévaux. Nous avons pu dégager, pour la première fois, sur une grande superficie, une série d'aires de préparation de l'argile datant des deuxième et quatrième siècle, des fossés liés à ces aires, des dépotoirs, ainsi que des silos et des fosses datant du moyen-âge. Les structures et le mobilier très abondant découverts lors de ces fouilles feront l'objet de plusieurs études qui paraîtront dans cette collection consacrée aux recherches sur les ateliers de potiers gallo-romains de la Gaule centrale. Dans le présent article, nous n'allons aborder que les structures du second siècle de notre ère.

 

1. Situation du terrain de l'Oeuvre Grancher.

 

Le terrain de l'Oeuvre Grancher (2) est situé Rue Pasteur (anciennement Rue de l'Asile), entre la maison de retraite "Mon Repos" et le C.E.S. , et se trouve à quelques mètres au Sud du terrain Taurin fouillé il y a quelques années.

Son numéro cadastral est A 19 (A 20 pour le bâtiment qui est construit sur la partie Nord du terrain). Cette parcelle est représentée sur la première feuille de la section H, dite de Lezoux, du plan cadastral.

Le terrain a une superficie d'environ 1340 mètres carrés, et présente la forme d'un pentagone irrégulier.

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VUES AERIENNES DU CHANTIER DE FOUILLES (photos prises le 10 Septembre 1978).

Photo n°1: Le chantier dans son contexte urbain. A gauche (A), l'hospice "Mon Repos"; à droite, (8) le C.E.S.; au centre (C), le chantier; derrière (D), l'ancien terrain Taurin. Toutes les maisons et les terrains situés au sud (en bas de l'image) du chantier et de l'hospice sont menacés par des projets d'extension de Mon Repos.

Photos n°2 et 3: Le chantier de fouilles en 1978 (surface fouillée: environ 350m2; en 1979: + de 500m2). Légende: A: fosses médiévales. B: le(s) fossés) N/S. C: F.156. D: F.34. E:F 116. F: F.118. G: F.117. N: limite est des aires. I: F.155 (C.14).

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2. Raisons de l'intervention archéologique.

 

La commune de Lezoux a procédé à l'acquisition du terrain de l'Oeuvre Grancher pour y effectuer divers travaux :

- installation de grandes cuves à mazout ( 60 m3 chacune),

- élargissement de la Rue Pasteur.

- construction d'un arrêt de cars devant desservir le C. E. S. Le terrain non touché par les travaux cités ci-dessus reste cependant menacé par l'extension progressive de la Maison de Retraite.

Ces travaux devant entraîner un profond bouleversement du terrain, nous avions, dès 1977, commencé les fouilles, à cause de nombreux indices qui nous faisaient croire à la présence d'un important site archéologique à cet endroit. En effet, à quelques mètres au Nord se situe le terrain Taurin où ont été trouvés de nombreux vestiges des époques gallo-romaines (Il' et IV°s) et médiévales; à l'Ouest, à quelques mètres aussi, ont été découvertes, lors de la construction d'un bâtiment de l'hospice, des structures antiques (fours,...); sur le terrain lui-même, des, collectionneurs ont procédé à des fouilles d'ampleur limitée, et lors des travaux d'installation d'une fosse septique, des éléments d'un dallage en terre cuite avaient été mis au Jour. Et en effet, dès les premiers sondages, nous pûmes nous rendre compte de l'importance du gisement, et nous commençâmes alors une fouille de grande envergure.

Après trois années (1977 à 1979), et environ douze mois de travail, nous avons pu fouiller une superficie de 500m2, et déplacer 700m3 de terre!

 

3. Les premiers sondages.

 

Ils furent au nombre de 8. De faible superficie chacun, ils nous permirent néanmoins de rencontrer les principales structures et couches composant le site archéologique.

 

Sondage n°1. (superficie 6m2 (2x3) , secteurs A-B/5-6-7) . I1 rencontra à l'intérieur d'un grand fond de cabane médiévale qui avait bouleversé tous les niveaux antiques.

 

Sondage n°2. (superficie 6m2 (2x3) , secteurs A-B/9-10-11) . Nous avons trouvé ici le premier niveau gallo-romain en place qui était constitué d'un remblai d'argile jaune dont la surface, jonchée de tessons, avait été foulée. Ce niveau datable du second. siècle, était perforé par des trous de poteau et une fosse médiévale.

 

Sondage n°3. (superficie 8m2 (2x4) , secteurs D-E/8-9-10-11) . Seule la partie supérieure fut fouillée en 1977; elle livra une couche d'argile jaune du II ° s (remblai), perturbée par une fosse et un trou de poteau du IV ° s .

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Les premiers sondages sur le site de l'œuvre grancher.

Photo 4 : Le sondage n°2. La surface du remblai du IIe siècle est jonchée de fragments de tuiles.

 

Photo 5 : Le sondage n°7. L'aire F.34, dégagée ici sur 4m2 est recouverte par une couche de débris divers, jetés là lors du remblayage de l'aire.

 

Photo 6 : Le sondage n°8 avait permis la découverte de l'aire F.117. (La bordure Nord de cette aire se trouve en bas de la photographie).

 

Photo 7 : Le sondage 4. Mise au jour d'une aire du quatrième siècle, dallée avec des carreaux rectangulaires (il convient d'observer la grande fragmentation de ceux-ci), et de quatre trous de poteaux (en haut de la photo) et d'un silo (en bas à gauche) médiévaux.

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Sondage n°4. (superficie 5m2 (2x2, 5) , secteurs A-B/0-1-2-3) . C'est dans ce sondage que nous avons dégagé 1.5 premiers vestiges d'un atelier de potiers d'une aire dallée, servant à la préparation de l'argile, datant du IV°s et perforée par des trous de poteau médiévaux.

 

Sondage n°5. (superficie 4m2 (2x2) , secteurs A-B/35-36) . Là encore, nous avons mis au jour une couche de remblai d'argile perturbée par des fosses médiévales.

 

Sondage n°6. (superficie 4m2 (2x2) , secteurs L-M-N/46-47-48) . Situé dans la partie Sud du terrain, ce sondage ne révéla qu'un terrain bouleversé (peut-être par une fouille ancienne).

 

Sondage n°7. (superficie 4m2 (2x2) , secteurs K-L-M/3-4-5) . Situé dans la partie Nord du terrain, ce sondage livra un remblai d'argile jaune (II°s) perforé par des fosses du IV°s, et une surface dallée, avec son extrémité Nord, du second siècle sous cette couche de glaise jaune rapportée.

 

Sondage n°8. (superficie 4m2, (2x2) , secteurs K-L-M/15-16-17) . Implanté à une dizaine de mètres au Sud du sondage précédent, le huitième sondage révéla un niveau d'occupation du IV°s avec un muret de même époque, et en-dessous un autre dallage composé de tuiles à rebords, également du second siècle, avec sa limite Nord.

 

Ces huit sondages nous permirent donc de localiser trois aires de préparation, deux du second siècle et une du quatrième siècle, des niveaux d'occupation des II et IV°s, des fosses du IV°s et du moyen-âge. C'est à dire des structures couvrant une vaste période. Elles semblent être le prolongement de celles dégagées il y a une dizaine d'années sur le terrain Taurin. Le résultat de ces sondages s'étant donc révélé positif, nous étendîmes la fouille qui atteignit en 1977 : 157m2, en 1978 : 340m2, et en Novembre 1979 plus de 500m2. Environ 700m3 de terre furent ainsi déplacés en l'espace de trois années, et en treize mois de fouilles, avec l'aide de plusieurs dizaines de bénévoles. Pour effectuer cette fouille qui s'est révélée être assez complexe, avec des niveaux entrecoupés par d'autres plus récents, des niveaux d'occupation superposés de même époque indiqués seulement par l'épandage différent des tessons foulés, nous avons préféré fouiller par grands décapages d'environ l00m2, dégageant intégralement chaque couche dont le relevé a été fait systématiquement à l'échelle 1/10° par procédé photographique horizontal(ces plans photographiques, en cours de transcription graphique, couvriront une surface supérieure à une centaine de mètres carrés! ce qui posera maints problèmes quant à la publication de ces documents).

 

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4. Stratigraphie.

 

Les couches rencontrées, à partir de la surface du sol actuel, lors de la fouille de ce site, sont les suivantes:

c 0. Une couche de terre noire recouvre l'ensemble du site. Son épaisseur varie de 60cm à l'Ouest du terrain à plus d'1m50 à l'Est par rapport à la couche gallo-romaine. Elle a. eu pour effet de niveler le terrain, qui présente cependant encore une faible déclivité vers l'Est. C'est dans cette couche très homogène que se situent les différents niveaux d'occupation médiévaux. I1 n'est pas possible d'y déterminer des strates internes.

c 1. Une couche argileuse jaune mélangée avec de la terre noire constitue la c 1 où se rencontrent les niveaux du quatrième siècle. Elle a, en moyenne, une dizaine de centimètres d'épaisseur.

c 2. Une couche d'argile jaune, généralement de bel aspect, correspond au remblai de la, fin du second siècle; sa surface est jonchée d'éléments de poterie plaqués au sol par le piétinement. Elle recouvre les structures creusées dans le sable. Son épaisseur varie de 30 à 60 centimètres.

c 3. Une couche d'argile un peu bleuâtre .où se rencontrent des tessons d'époque flavienne. Elle n'a que quelques centimètres d'épaisseur; et elle est généralement "rabotée" par la couche du second siècle.

c 4. Une couche. de sable marron où se distinguent successivement des tessons du premier siècle et de tradition gauloise, puis des fragments de poteries de type protohistorique. Elle présente une déclivité vers l'Est qu'empruntent les couches précédentes.

c 5. Cette couche de sable marron (c 4) s'éclaircit progressivement pour devenir jaune ; il s'y remarque la présence de concrétions ferreuses; aucun vestige archéologique n'a ,été découvert dans cette couche.

5. Les structures du second siècle. Les structures les plus remarquables de cette période sont cinq aires dallées et les fossés qui y sont liés.

Les fouilles de 1979 ont permis de découvrir qu'il existait une alternance de petites et de grandes aires; nous avons ainsi successivement du Nord vers le Sud: F.156, F.34, F.118, F.117, et F.155. En plus de cela, nous avons pu suivre sur d'assez longues distances les fossés qui bordaient ces aires.

Ces aires dallées avec des tuiles devaient servir à la préparation de l'argile. Il devait exister une différence de fonction entre les petites (quelques mètres carrés) et les grandes (+ de l00m2) aires. Les petites étaient-elles utilisées pour obtenir une argile plus fine ? Ce travail de l'argile nécessitait une grande consommation d'eau; celle-ci était probablement amenée par un fossé Nord/Sud, qui longeait l'extrémité ouest des aires, que nous avons retrouvé.

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La petite aire F.156.

Photo 8 : L'aire F156 vue de l'ouest. Elle est dallée avec des carreaux dont la surface est exempte de coups dus à l'emploi d'outils à fer tranchant. Sa bordure est réalisée à l'aide de grandes briques fichées verticalement. Dans les bermes est et nord, on peut remarquer la présence de nombreux éléments en terre cuite (tuiles, briques, tuyaux, ...) jetés là pour remblayer l'aire à la fin du second siècle. C'est dans cette couche de remblai au-dessus de F.156, qu'on été trouvés la plupart des tuyaux signés de ANTISTII.

Photo 9 : L'aire F.156, à gauche (nord) n'est séparé de F.34, à droite (sud), que par une petite banquette de sable large de moins d'un mètre.

 

La grande aire F.34.

Photo 10 : L'aire F.34 vue de l'est. Nous voyons ici la partie nord-ouest de l'aire, sur une superficie de 30m2, alors que la surface totale de F.34 est de 121,8 m2.

 

6. Une petite aire dallée : F. 156.

Nous avons eu la chance de découvrir cette petite structure en Novembre/Décembre 1979, juste avant la fermeture définitive du chantier.

Il s'agit d'une petite aire. dont la surface totale ne nous est pas connue puisque l'ancienne maison de l'Oeuvre Grancher (devenue les bureaux provisoires de la Perception de Lezoux en 1978-79) est bâtie sur sa partie Nord. Elle est composée de carreaux en terre cuite rectangulaires (29x45cm), orientés Nord/ Sud, placés avec précision et de niveau. Elle est bordée de grandes briques, fichées en terre dans le sens de la longueur, qui sont, pour la plupart, arasées.

Nous avons remarqué, contrairement aux grandes aires, que la surface des carreaux composant F.156 ne porte, pas la marque de coups dus à l'emploi d'outils à lame tranchante.

La longueur Est/Ouest de l'aire est d'environ deux mètres (partie Est bouleversée) et sa largeur Nord/Sud .est supérieure à un mètre (zone gelée au Nord).

L'aire F.156 fut comblée au moyen d'une belle argile jaune et d'un grand nombre de fragments de tuiles et de tuyaux en terre cuite. Parmi ces derniers, nous en avons rencontré plusieurs estampillés "ANTISTIORU" (le premier T est ligaturé au N), marque des ANTISTII, qui étaient également des potiers mouleurs (seconde moitié du deuxième siècle). Au milieu de ces déchets, un fragment de f.m.45 situe ce comblement vers la fin du second siècle. (3)

7. Une grande aire dallée: F.34.

L'aire F.34 n'est distante que de quelques décimètres de F.156, et n'en est séparée que par une banquette de sable brun.

Nous avons pu en fouiller une grande partie, mais toute sa zone Nord/Est a été gelée par la Municipalité afin de permettre la desserte d'une cuve à gaz à caractère temporaire et la conservation d'une fosse septique utilisée par les bureaux de la Perception de Lezoux. La superficie exacte de cette aire put être cependant déterminée; elle est de 121, 8m2. Sa longueur (Est/ Ouest) est de quatorze mètres, sa largeur (Nord/Sud) de huit mètres soixante dix. L'aire est installée dans une grande fosse creusée dans le sable (profondeur 20 à 30 centimètres); les tuiles, rebords tournés vers le haut, reposent directement sur un lit d'argile d'environ trois à cinq centimètres d'épaisseur, où se rencontrent des tessons du second siècle.

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L'AIRE F.34 (suite). Photo 11: La bordure ouest de l'aire. Au centre de la photo, l'une des tegulae placées verticalement qui bordaient l'aire. A gauche, le rebord de la fosse, au fond de laquelle est installée la surface dallée. Le niveau d'occupation au second siècle, se trouvait au niveau de la flèche d'orientation.

Photo 12 : La limite sud de F.34 avec les tegulae, qui bordaient l'aire, plaquées contre le sol lors du remblayage final.

Photo 13 : L'angle nord-ouest de F.34. Les éléments en terre cuite, qui furent jetés là pour remblayer l'aire, ont été laissés en place, et permettent de constater un épandage des tessons vers l'est.

Photo 14: Vue de toute partie ouest de l'aire F.34 (surface représentée sur cette photo : environ 60 m2). En haut à gauche, le(s) fossés) nord-sud (v.§14).

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Des tuiles placées verticalement bordent l'aire. La contenance d'une aire de ce type devrait donc être d'environ quarante mètres cubes de terre glaise. Les tuiles sont orientées Est/Ouest, ce qui correspond aussi à l'orientation générale de F.34. La réalisation de cette aire a été faite de façon très sommaire; les potiers ne semblent pas s'être beaucoup préoccupés de l'alignement exact des tuiles, de mettre bord à bord les tegulae, d'établir un niveau régulier; ils ont employé des tuiles d'origine différente et de dimensions variables, certaines sont voilées, même fortement, et sont probablement des ratés de cuisson de fours de tuiliers, d'autres portent un trou fait après cuisson, et proviennent sans doute de la récupération d'une toiture. Aussi, le fait que les potiers gallo-romains aient placé, rebord vers le haut, les tuiles ne doit finalement pas nous surprendre. En effet, la hauteur des rebords n'est, en moyenne, que de 2,4 centimètres, hauteur inférieure à la courbure de nombreuses tuiles utilisées, et souvent aussi inférieure ou équivalente à la différence de niveau entre deux tuiles accolées. De plus, placer les tuiles rebords vers le haut devait être plus pratique et comporter moins de risques de casse, car il suffisait de les poser sur un lit d'argile; tandis que s'il avait fallu installer à l'envers des tuiles si irrégulières, il aurait été nécessaire d'en enfoncer les rebords dans l'argile, de telle sorte que la partie plane de la tuile soit, sur sa totalité, en contact intime avec le sol sous-jacent; s'il y avait un vide sous la tuile, le poids et le travail de la terre qui allaient se faire au-dessus auraient rapidement entraîné sa cassure. Aussi placer les rebords des tuiles vers le haut était sans doute la méthode la plus rapide. Vu le matériau utilisé, soigner davantage cette installation n'en aurait pas augmenté l'efficacité. Comme nous l'avons écrit plus haut, nous n'avons pu fouiller que les parties nord-ouest, sud-est, et sud-ouest de l'aire (l'angle nord-ouest étant dans la partie gelée par la Municipalité). Dans les angles nord-ouest et sud-est, la bordure des tuiles placées verticalement était doublée par deux tuiles à rebord placées également verticalement. Nous ne savons pas s'il en était de même à l'angle sud-ouest, vu qu'il est entièrement bouleversé. Près de l'angle nord-ouest de l'aire, sur la bordure Nord, nous avons trouvé, jonchant le sol du dallage, la partie supérieure d'une des tuiles qui bordaient l'aire; elle était recouverte d'argile jaune et des éléments en terre cuite qui comblèrent l'aire à la fin du second siècle. Nous avons également trouvé d'autres témoins montrant que ce fut au moment du remblayage que les tuiles bordant l'aire furent abattues; ainsi nous avons retrouvé, à plusieurs reprises, parmi les éléments qui constituaient le remblai, des fragments de tuiles qui complétaient des tegulae brisées qui bordaient l'aire; également, sur la bordure Sud de l'aire F.34, nous avons retrouvé une série de tegulae, qui étaient à l'origine placées verticalement, plaquées contre la surface de l'aire, et recouvertes par le remblai de la fin du second siècle. On peut aussi supposer que le comblement de l'aire s'accompagna d'un nivellement au-dessous du niveau supérieur des tuiles à rebord.

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La fouille nous montra que l'aire abandonnée fut remblayée avec des déchets divers. Ce remblai avait une épaisseur moyenne de trente centimètres. I1 était composé d'argile jaune, assez pure encore dans la partie Ouest, à laquelle étaient mêlés des fragments de tegulae, dont deux exemplaires percés d'un trou pour fixation sur toiture (proviennent-ils de bâtiments effondrés situés à proximité?), d'autres tuiles portaient des empreintes de pattes de petits chiens et d'oiseaux, d'imbrices, de dalles en terre cuite, d'éléments de four, brisés ou non (massettes, tuyaux, colifichets, supports, etc. ), de tessons de céramique sigillée (DOECCVS, CASVRIVS,..., f.m.45, etc.), de fragments de poteries communes, d'ossements, etc. Les éléments datables permettent donc de situer le comblement de l'aire après 185/195 de notre ère. Nous avons également remarqué, et principalement dans la partie nord-ouest de l'aire, où nous avons eu la possibilité de fouiller lentement et très minutieusement), que l'amoncellement des débris en terre cuite est plus épais vers le bord de l'aire qu'en son centre. Cela montre que tous ces fragments ont été jetés du bord Ouest de l'aire, ce qui est confirmé par l'épandage des tessons qui présentent une déclivité vers l'Est. De nombreux éléments étaient plaqués contre le sol de l'aire, ainsi la surface de celle-ci devait être dégagée, du moins partiellement, lorsque furent jetés ces fragments de tuiles et de poteries.

8. Niveaux d'occupation du II°s au-dessus de l'aire F.34.

Sur la surface du remblai qui a comblé l'aire F.34, et là où l'aire du quatrième siècle ne fut pas installée (car sinon la couche du deuxième siècle aurait été rabotée), nous avons retrouvé à plusieurs endroits, parfois sur plusieurs niveaux, des séries de tessons de poterie plaqués au sol, souvent fragmentés sur place, écrasés par le piétinement. Ainsi après l'abandon de cette aire, cette zone du site ne fut pas entièrement délaissée; elle dut servir de passage d'un lieu à un autre; mais nous ne pourrons certainement jamais savoir combien de temps des hommes foulèrent ce lieu, et s'ils se rendaient à d'autres secteurs de leur activité situés près de: là ou s'ils traversèrent seulement cet endroit pour aller combler les aires suivantes.

9. Une petite aire dallée: F.118.

Au Sud/Ouest de l'aire F.34, dans les secteurs H.I.J/ 13 du caisson 15, sous une importante décharge (F.91) , nous avons découvert une petite structure orientée Est/Ouest, longue de 2m10 et large d'1m20. Installée dans une fosse, creusée dans le sable et revêtue sur le fond d'une très mince couche d'argile d'une épaisseur de quelques millimètres, elle se présente sous la forme d'une aire dallée au moyen de tuiles à rebords et entourée de tegulae placées verticalement. La réalisation est très soignée; les tuiles ne présentent aucun choc, les rebords sont intacts, la disposition des tegulae est réfléchie (les marques courbes ou triangulaires sont placées en vis-à-vis), les tuiles sont installées de niveau. La partie Sud a été endommagée lors du creusement du grand fossé F.116.

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Sur le dallage, nous avons retrouvé une couche d'argile jaune de bel aspect d'une épaisseur allant de 1 à 11,5 centimètres. Au-dessus de cette couche, nous avons dégagé un niveau de remblai de sable auquel étaient mêlés des tessons du second siècle et du premier siècle (gallo-romain précoce, dont un vase tibérien de tradition gauloise avec décor à la molette, au profil complet); cette couche a été formée par la terre retirée lors du creusement du fossé 116 dans la seconde moitié du deuxième siècle. Cette couche sablonneuse, épaisse d'une trentaine de centimètres, était recouverte d'une mince couche de charbon de bois. La surface de celle-ci était jonchée de tessons de poterie écrasés par le piétinement. C'est cette dernière couche que recouvrit le remblai (F.91) de la fin du second siècle, -et qui doit correspondre à un niveau d'occupation avant l'abandon de l'atelier, mais déjà après une modification de celui-ci. Cette petite aire F.118, tout comme l'aire F.156, devait avoir une fonction différente de celle des grandes aires F.117 et F.34. I1 est cependant difficile de la déterminer dans l'état actuel de nos recherches.

10. Une grande aire: F.117.

Située au Sud des aires F.34 et F.118, et séparée de celles-ci par le grand fossé 116 (qui cependant n'était pas creusé lors de l'installation de ces aires), elle s'étend sur les caissons de fouilles 15, 16 et 18. Découverte en 1977 au cours d'un sondage de 2 x 2 mètres (sondage n°8), cette aire de préparation dallée au moyen de tuiles à rebord, bordée de tuiles plantées verticalement, présente de nombreuses analogies avec l'aire F.34.

En 1979, nous avons pu dégager cette aire sur 110 mètres carrés. La partie Est de l'aire se trouvant dans une zone gelée par la Municipalité, nous ne pouvons en connaître la longueur exacte. Elle est certes supérieure à 12m75, qui est la longueur effectivement dégagée, et inférieure à 15 mètres; en effet, dans un sondage (n°17) qui a été réalisé à quelques mètres à l'Est du caisson 16, nous n'avons plus rencontré la surface dallée. Aussi est-il probable que la longueur de l'aire F.117 soit semblable à celle de F.34 qui est de quatorze mètres, d'autant plus que la largeur des aires est presque identique: 8m70 pour la F.34, et 8m60 pour la F.117.

L'aire F.117 est installée, pareillement à la F.34, dans une grande fosse creusée dans le terrain argileux du premier siècle pour la partie Est, et dans le terrain sableux pour la partie Ouest. La hauteur du rebord de fosse est d'une quarantaine de centimètres à l'Ouest, où il a un profil bien vertical, et finit par ne plus exister dix mètres plus loin; il semblerait que les potiers gallo-romains se soient efforcés de mettre de niveau leur aire de travail sur un terrain présentant une déclivité vers l'Est, aussi la hauteur du rebord de la fosse décroît-elle régulièrement dans cette direction (4) .

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La fouille révéla une aire fort endommagée, avec une zone d'environ seize mètres carrés complètement bouleversée dans la partie Est, avec des différences de niveaux atteignant parfois sept centimètres, des rebords de tuiles non jointifs, avec un alignement défectueux des tegulae (l'aire devient ainsi plus axée vers le Nord/Est que la F. 34) . D'autre part, alors que tous les éléments de la F.34 sont orientés de manière identique, nous trouvons sur la F.117, à trois reprises, une série de deux tuiles placées dans le sens Nord/Sud, alors que l'orientation générale est Est/Ouest. L'emploi de fragments de tegulae soit dans la longueur, soit dans la largeur, est également fréquent pour boucher un vide ou rattraper un alignement par trop défectueux. La bordure des tuiles placées verticalement est, elle aussi, très détériorée. Dans le secteur M.16, la bordure de tuiles est doublée par deux autres tuiles placées verticalement et reposant directement sur les tuiles horizontales de l'aire. Ces deux tuiles sont d'ailleurs en très mauvais état, et leur hauteur actuelle n'est plus que d'une vingtaine de centimètres (au lieu de quarante cinq environ). Dans toute la partie Sud/Est, là où le niveau de l'aire est égal à celui du terrain originel, les tuiles qui bordent l'aire ont quasiment disparu, si ce n'est sur quelques centimètres. C'est d'ailleurs une constante pour toutes les tegulae du pourtour des aires, leur conservation verticale est directement et proportionnellement liée à la hauteur du rebord de la fosse qui se trouve en contact avec la tuile.

Dans le secteur J.16, nous avons dégagé une grosse pierre (environ 40x30x30) , bien équarrie, et posée d'aplomb sur l'aire et contre la bordure de celle-ci. La tuile sur laquelle repose la pierre est écrasée, et un morceau en est soulevé. Cette pierre ne semble pas avoir été jeté là en vrac lors du comblement de l'aire; en effet, la pierre repose directement sur l'aire sans être par-dessus les éléments constitutifs du remblai (éléments de four, fragments de tuiles, glaise, etc.); la tuile bordant l'aire qui se trouve derrière la pierre est intacte, alors que celles qui se trouvent à côté sont brisées ou ont disparu, comme si la pierre avait protégé cette tuile; enfin les éléments constitutifs du remblai s'étalent autour de la pierre ou s'appuient contre, sans passer en-dessous. Aussi est-il probable que cette pierre se trouvait là avant, ou juste avant, le remblayage général de l'aire, mais fait-elle partie de l'installation? et si oui, à quoi pouvait-elle servir?

Nous avons également noté la présence de nombreuses tuiles très fortement voilées. Comme, nous l'avons déjà dit pour l'aire F.34 en début de chapitre, nous 'pouvons sans doute supposer que si les potiers gallo-romains utilisaient des tegulae . si voilées, le fait de mettre les rebords vers le haut ne devait guère les gêner.

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p. 62 : PHOTOS

Une des découvertes les plus importantes effectuées en 1979 lors de la fouille de cette aire est la mise au jour de plusieurs tuiles estampillées. Six sont signées CANVSO, trois MACER (?) , deux portent un graffite: ATILL...(?) . I1 s'agit de la découverte la plus importante de tuiles estampillées jamais faite à Lezoux et dans sa région (5).

Dans la partie Ouest de l'aire, un effondrement de la surface dallée trahit la présence d'un. long fossé orienté Nord/Sud et antérieur aux aires de préparation. Il est visible sur toute la largeur de F.117, et sur une longueur d'un mètre pour l'aire F.34 (zone gelée au-delà). II pourrait s'agir d'un fossé du premier siècle, mais faute de crédits et de temps, nous n'avons pu le fouiller.

11. Le remblai au-dessus de l'aire F.117.

L'épaisseur de ce remblai, dont la composition est proche de celui de F.34, est particulièrement importante et supérieure à celui de l'aire du caisson 13 (F .34) . Elle est à l'ouest d'environ 50/55 centimètres, et décroît régulièrement pour n'avoir plus qu'une trentaine de centimètres d'épaisseur à l'Est.

Parmi les éléments du remblai, il convient de remarquer la présence, dans les secteurs L-M/16-17, d'une tuile à rebords avec du mortier contre l'un de ceux-ci. Cela pourrait indiquer que l'on a jeté pour remblayer l'aire des éléments provenant d'une toiture, comme l'indiquait déjà la découverte de plusieurs tuiles percées d'un trou fait après cuisson.

Enfin, l'argile trouvée dans ce remblai parait être beaucoup plus impure que celle de F.34. Elle ressemble assez à ce que l'on rejette pendant le travail de la préparation de l'argile.

Sur la surface de ce remblai, nous avons relevé la présence d'un niveau piétiné, qui était jonché de nombreux fragments de poterie du second siècle.

12. Une petite aire : F.155.

Cette aire n'a pu être dégagée que sur une faible superficie (inférieure à trois mètres carrés) dans la partie Est du caisson 14 (voir plan des fouilles).

Elle est orientée vers le Nord-Nord-Ouest. Sa longueur nous est inconnue, mais sa largeur est inférieure à 2m50, vu que nous n'avons pas retrouvé sa trace, en 1979, dans le caisson 18. Nous devons donc nous trouver vraisemblablement en présence d'une aire de petites dimensions.

Elle est composé de carreaux en terre cuite d'environ 30x45 centimètres orientés comme nous l'avons dit précédemment. La bordure de l'aire est réalisée à l'aide de tegulae placées verticalement, dont il ne reste que la partie inférieure. Elle est installée au fond d'une fosse d'une trentaine de centimètres de profondeur creusée dans un remblai argileux où se rencontre un abondant mobilier du premier siècle. Comme les petites aires F.156 et F.118, elle est située dans la zone Ouest du terrain.

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13. L'environnement des aires de préparation.

L'un des intérêts de cette fouille fut de connaître l'environnement immédiat de ces aires, qui est principalement constitué de fossés.

Un fossé orienté Nord/Sud avait été découvert en 1978. Situé parallèlement et à proximité immédiate des bordures Ouest -des aires F.156, F.34, F.118 et F.117 (F.155?), il devait avoir probablement comme fonction d'amener l'eau que requéraient les travaux de préparation de l'argile.

Un second fossé, F.116, sépare F.34 de F.117, et coupe le fossé ci-dessus; il semble avoir été utilisé plus longtemps que le reste de l'atelier.

Enfin, près de l'aire F.155, dans le caisson 14, nous avons pu fouiller un important dépotoir de la seconde moitié du deuxième siècle. 14.

14. Un fossé orienté Nord/Sud le long des aires.

Parallèlement aux aires F.156, F.34, F.118, et F.117, une longue structure a pu être suivie sur plus de dix-huit mètres. A première vue, il s'agit d'un fossé, dont la largeur décroît régulièrement vers le Nord, et qui comporte en son milieu une bande de terre large de quelques centimètres. En fait, lorsque l'on observe plus attentivement cette structure, on s'aperçoit qu'il s'agit de deux fossés distincts. En effet la largeur de chaque rigole est à peu près régulière, seule varie de façon notable la largeur de la bande de terre axiale; celle-ci va en s'amincissant vers le Nord. I1 semblerait que nous sommes en présence d'un fossé creusé par les potiers, qui une fois comblé a été recreusé à quelques décimètres d'écart du premier. Le premier et le second fossé ont une largeur moyenne de vingt-huit centimètres. Ils longent la bordure Ouest des aires. Dans le secteur G4, une tranchée perpendiculaire assure la liaison du fossé et de l'aire F.34, et servait peut-être à l'alimentation en eau de l'aire. Enfin ce( s ) fossé( s ) à été coupé par le fossé 116 avant le remblayage général des grandes aires, et en même temps que le rebouchage de la petite aire 118.

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15. La tranchée entre F.34 et le fossé N/S: F 92.

Dans le secteur G 4, nous avons mis au jour une petite tranchée longue de soixante-dix centimètres et large d'environ de quinze centimètres, qui coupait le rebord de la fosse de l'aire du second siècle, de façon perpendiculaire, et qui reliait ainsi F.34 avec le fossé nord-sud (cf.§14). Sur le fond de cette tranchée, disposés sur un lit d'argile d'une épaisseur allant de trois à sept centimètres, se remarquaient deux tuyaux en terre cuite. Le tuyau situé à l'est, du côté de l'aire, est endommagé à ses deux extrémités; sa forme est celle d'un tuyau de canalisation. I1 n'est pas jointif avec le tuyau ouest; un interstice de six centimètres les sépare. Le tuyau ouest est complet; il a une longueur de trente centimètres, et présente dans sa partie située à l'ouest un décrochement formant col d'emboîtement. I1 n'est pas possible de savoir si ces deux tuyaux permettaient un écoulement ou non, et . s'ils ont été jetés là par hasard lors du remblaiement ou s'il s'agit de leur position d'origine comme pourrait le laisser supposer leur alignement correct. Un fait reste indéniable: une tranchée a été creusée pour assurer une liaison entre le fossé et l'aire de préparation de l'argile.

16. Le grand fossé F.116.

Ce fossé, dans son orientation est-ouest, se trouve entre les deux grandes aires de préparation F.34 et F.117. Nous l'avions repéré en 1977, dans la partie Ouest du terrain, lors de la fouille du caisson 9; nous ne l'avions alors exploré que sur deux mètres carrés seulement. En 1978, dans le caisson 15, nous avions commencé sa fouille sur une plus grande longueur, mais en restant à un niveau supérieur. En 1979, nous avons terminé sa fouille dans le caisson 15, et l'avons prolongée dans le caisson 16 (où un sondage de Décembre 1978 avait permis de le repérer) et 17, où il tourne à angle droit vers le sud, et prend alors une orientation nord-sud que nous avons suivie sur quatre mètres environ (6). Nous avons donc pu le suivre sur une longueur totale d'environ trente mètres.

Dans le secteur G.15, il coupe le fossé nord-sud qui est parallèle aux aires; dans les secteurs H.I.J/13, il détruit la bordure sud de la petite aire 118 et la remblaie; dans le caisson 16 il coupe un fossé orienté nord-sud antérieur aux aires ( Ier siècle?), puis perturbe l'angle sud-est de l'aire F. 34. Ces quelques faits nous permettent donc de dire que le fossé 116 est postérieur aux aires F.34 et F.118, au fossé nord-sud des secteurs G/F (caisson 13 et 15) . Ainsi, nous sommes en présence d'une importante transformation de l'atelier dans la seconde moitié dû deuxième siècle, qui a abouti à l'abandon d'un fossé ( sans doute d'alimentation en eau) et d'une petite aire dont la fonction ne nous est pas connue. Le fossé nord; sud (cf.§14) des secteurs GF avait déjà été modifié au second siècle, le fossé 116 avait-il un rôle comparable à ce dernier?

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Le remblayage -du fossé s'est fait en deux fois. Le premier correspond à un ensevelissement partiel sur environ un tiers de sa profondeur, lors du remblayage de l'atelier vers la fin du second siècle. Le second semble être un ensevelissement progressif, sans doute naturel, où nous rencontrons de nombreuses et minces couches de sable ou d'argile. Le mobilier archéologique trouvé dans ces multiples niveaux est du second siècle également et ne peut servir à la datation de cette seconde phase (ces fragments peuvent être tombés du remblai important situé le long du fossé 116).

Ainsi le fossé a été remblayé, ou plutôt s'est enlisé, postérieurement, du moins relativement, aux aires F.34 et F.117; seule la partie basse du remblai du fossé correspond au remblai de l'atelier comme l'a montré la fouille des structures F.91 et F.115 (cf. § sqs).

La destination de ce fossé est donc très incertaine. Servait-il d'ailleurs directement au fonctionnement de l'atelier? Nous avons remarqué pendant les grandes pluies d'Août 1979, que quelques heures après les précipitations, le fossé, bien que creusé dans le sable, s'était rempli d'eau alors que les aires s'asséchaient. La fonction de drainage de ce fossé n'est donc pas à exclure. L'usage exclusif du fossé par l'atelier est incertain; le fait qu'il ne fut pas remblayé simultanément avec celui-ci nous en fait douter; il semblerait d'après l'examen des structures F. 91 et F.115, que le fossé ait. été d'abord entièrement comblé lors du remblayage général des aires, puis "rouvert", ce qui expliquerait la présence de deux amas de déchets de chaque côté du fossé. D'autre part si la fonction de drain était retenue, quelles déductions devrions-nous faire quant au climat vers la fin du second siècle ou au début du siècle suivant?

17. La structure 91 sur le bord Nord du fossé 116.

Elle est située principalement dans les secteurs G.H.I. J/13 du caisson 15. I1 s'agit d'une structure orientée Est/Ouest qui fait partie du remblai de la fin du second siècle. Elle est composée principalement de fragments de tegulae (certains rebords portent des traces de mortier de chaux), d'éléments de four, de tessons de poterie domestique ( sigillée lisse et moulée de la seconde moitié du deuxième siècle, céramique fine et commune); notons également la découverte de nombreuses tuiles ayant des rebords très détériorés, qui proviennent peut-être du dallage d'une aire. Dans l'épandage vers l'aire F.34, nous avons découvert dans le secteur J 12, l'un au-dessus de l'autre, deux vases complets ( un 18/31 d' ATTIANVS et un vase ovoïde métallescent). Ce remblai important se situe notamment au-dessus de l'aire F.118; l'épandage des éléments constitutifs de ce remblai descend au Sud dans le fossé 116 et au Nord dans l'aire F.34

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18. La structure 115 sur le bord Sud du fossé 116.

Principalement dans les secteurs G.H.I.J./15-16, nous avons rencontré, au Sud du fossé 116, une structure similaire à 69 F.91 . Composé d'éléments de toiture brisés, d'éléments de four, de tessons de poterie domestique, cette structure présente un épandage allant au Sud dans l'aire 117 et au Nord dans le fossé 116 sans le combler; cela montre que les remblayages de l'aire 117 et du fossé 116 n'ont pas été simultanés.

19. Le dépotoir découvert dans le caisson 14.

Nous avons mis à jour un important dépotoir de la seconde moitié du deuxième siècle dans toute la partie Ouest du caisson 14. I1 combla une grande fosse curviligne dont la fonction première nous est inconnue. I1 est composé d'argile jaune assez belle mélangée à un très grand nombre de fragments de poteries: sigillée lisse ( qui constitue le plus grand lot, avec plusieurs vases complets), sigillée moulée, moules ( lot important comportant un grand nombre de signatures: PATERNVS, SECVNDINVS, PRISCVS, SEVERVS, ADVOCISVS,... ainsi que le moule d'un masque humain ) , poterie commune, d'éléments de four et de toiture). Le mobilier archéologique de ce dépotoir fera prochainement l'objet d'un article. L'étude de la structure de ce dépotoir a été perturbée par des fouilleurs clandestins qui ont pillé et bouleversé ce dépotoir, anéantissant dix journées de travail.

20. Conclusion.

Les fouilles sur le terrain de l'Oeuvre Grancher à Lezoux ont été menées durant trois ans, et ont réclamé la concentration de tous nos efforts pour permettre une fouille étendue. I1 est cependant regrettable qu'en 1979, à la la veille de l'Année du Patrimoine, nos crédits aient été réduits de 809'0, ce qui a entraîné maints problèmes et empêché la réalisation du programme fixé en 1978 pour cette dernière année de fouilles.

Cet article préliminaire, et les études qui vont suivre -permettront de voir l'intérêt , exceptionnel de ce site de l'Oeuvre Grancher, qui fait suite à ceux de Taurin et de l'Hôpital. Pour la première fois, nous avions la possibilité de faire de grands décapages. Certes nous avons pu fouiller sur 500m2, mais cette superficie est à peine supérieure au tiers de celle du terrain; pour le fouiller intégralement, il nous aurait fallu six années supplémentaires et des crédits réguliers.

Cette fouille, avec celle de Taurin, a montré qu'il existait à côté des fours de potiers, des secteurs entièrement consacrés à la préparation de l'argile, avec des cuves de plusieurs dizaines de mètres-cubes; ces aires datent de la seconde moitié du deuxième siècle, au moment de l'apogée de Lezoux et sont abandonnées à l'extrême fin du second siècle lorsque les ateliers arvernes connaissent une récession. Cette méthode de préparation de l'argile ne disparaît pas pour autant avec le Haut-Empire. Au quatrième siècle, des potiers réinstallent aux mêmes endroits, à un pied au-dessus des anciennes, de nouvelles aires dallées pour corroyer leur argile. A l'époque médiévale, un four de potier fonctionnait aussi , au. même emplacement, mais les grandes aires, elles, avaient disparu; elles étaient à un mètre en dessous, oubliées. Hélas! elles n'ont réapparu que durant trois courtes années.

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Nous tenons à remercier tous ceux qui ont participé bénévolement aux fouilles archéologiques de Lezoux de 1977 à 1979; notamment: Guy Bonnevialle, Emmanuelle Millet, Catherine Brisepierre, Sabine Bobe, Catherine Champion, Marc Bsirsky, Pascal Bet, Charles Becker, Odile Cartault, Laurence Chicoineau, Sophie Chivet, Anne Colin, François Drouet, Marie-Pierrev Feuillet, Véronique Foletti, Yves Folschette, Nicole Gaudichon, Françoise Gineste, Marie-Hélène Husson, Josianne Lequenne, Jean-Pierre Lacoste, Chantal Legendre, Josette Larcher, M. et Mme Bet, M. et Mme Coeuret, Ginette Michalski, Nadine Robert, Sylvie Nivet; Lina Al Banna, Sylvie Beyries, Catherine Bioul, Florence Caillaud, Brigitte Demorsy, Marianne Delval, Aline Duchesne, Christian et,Dominique Mondanel, Armelle Moran, Reine Gangloff, Daniel Leguet,Yves Le Corre,..Danielle Dumont, Joël Foure, Alain Provost, Giovànna Tromby, François Pistien, Brigitte et Patrice Sublet, Stéphane Van T'Veer, François Virgitti, Laurent Willkomm et ses amis, Jean-Marie Roux, Françoise Travé, Jacques Hubert, Sylvie Rateau, Laurence Pénétrat et son groupe lorrain, Alain Rebourg, Odile Ricoux, Catherine Proper, Annick Votquenne, Claudine Zenou, Bernard Hours, Fabienne Cariou, Peter Norman, Yves Cormier, Marie-Claude Bet, Pierre Muller, Paul Rensh, M. et Mme Mignon, Vincent Yvonnou, Anne-Marie Chapeau, Françoise Michalski, Didier Noël, Claude Gérils, Véronique Dubourg, Pascal Gagnepain, Christine Bonafous, Eric Mahé, Christophe Barbotin, Joël Fossey, Marc Kraeutler, Patrick Ameuw, Gilbert Boisbouvier, Marianne Tribel, William et Bernard Langedock, Béatrice Decombis; Marijke Kaemmerer, George Rogers, Anne Berton, Christine Pimbert, Daniel Gras, Anne Bossenec, Nancy Florens, Véronique Rouhling, Martine Houtekier, Thierry Naël, Frontine Léonardon, Pascal Roubach, Denis Plantier, Anne Wagner, Hélène Espagnet, Annie Delaspre, Sylvie Crépy, Michel Mazet, Sophie Zimmerman, Laurent Pages, Dominique Goepp, Béatrice Rénier, Jacques Garraud, Jean-Noël Montfort, Alain Musset, Chantal Forgerit, Brigitte Guillot, Else Lecompte, Marianne Pralet, Jean-Marc Luce, Catherine Caviale,... Nous tenons aussi à remercier pour leur aide extérieure: M.Chastel, M.et Mme Gagnadre, M. de Roquefeuil, la Congrégation des Soeurs de Lezoux.

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